Jordan Tran,
né en 1988, vit et travaille à Mulhouse. C’est un artiste peintre français. Jordan a d’abord déployé ses talents de créateur dans l’espace urbain, en tant que graffeur. Puis progressivement, il a quitté les murs de la ville pour se consacrer à la peinture sur toile. Ses paysages abstraits impressionnent par la perfection immaculée de leurs dégradés. Déclinés dans des gammes de couleurs vastes et séduisantes, ils nous plongent à chaque fois dans des atmosphères différentes, d’une rare sensualité. Ses oeuvres sont le fruit d’une méthode patiemment élaborée, liés à ses différentes pratiques artistiques.
A l’origine, il y a la fascination de Jordan pour les dégradés de couleurs animant les fonds de ses graffitis, sur lesquels il se concentrera, délaissant progressivement le lettrage. L’artiste a également ressenti le besoin de fixer par le biais de la photographie des sensations fortes déclenchées par la vue d’un paysage, la contemplation d’horizons lointains, l’observation des variations infimes des lumières et des couleurs dans le ciel au fil du jour et de la nuit. La photographie a conduit Jordan à élaborer des constantes formelles pour sa peinture, comme la division de la surface par une ligne d’horizon au tiers inférieur de la composition ainsi que la délimitation de ses toiles par des marges blanches, à la manière d’un tirage.
Les peintures de Jordan Tran témoignent d’une grande maîtrise des dégradés, qu’il exprime de manière très nuancée, dans de subtils jeux de mélanges de couleurs. Celles-ci se superposent en couches picturales fines, afin de se fondre les unes dans les autres. Cette longue et patiente élaboration donne toute leur densité aux abstractions paysagères de l’artiste, qui évoquent ici le bleu profond d’un ciel nocturne, là les jaunes orangés du soleil brûlant de l’été, ailleurs les lumières rosées apparaissant au lever du jour. Les peintures de Jordan sont une invitation à l’évasion, la toile étant considérée comme une fenêtre ouvrant symboliquement sur un autre monde. Ce passage du monde réel au monde imaginaire et onirique a été matérialisé par l’artiste par les contours qui encerclent ses dégradés, et qui reprennent de manière très abstraite la forme ovale d’un hublot, celle quadrangulaire d’une fenêtre ou verticale d’une porte.
Autodidacte,
Jordan Tran a ainsi élaboré une manière toute personnelle, qui l’a conduit du graffiti à l’abstraction. Sa science des dégradés et des nuances des couleurs est dotée d’un pouvoir émotionnel fort, incitant le spectateur à la rêverie et à la contemplation. En cela, les oeuvres de Jordan s’inscrivent dans l’héritage du Color Field américain, mais aussi et surtout dans celui du mouvement californien du Light and Space, dont les artistes, comme le célèbre James Turrell, ont placé au centre de leurs préoccupations l’étude des phénomènes de perception, notamment la lumière et l’espace.